La phénylcétonurie, maladie héréditaire du métabolisme, concerne, directement ou indirectement, la plupart des adhérents à l’association Les Feux Follets.

Différentes versions de Phénylcétonurie: Phénylcétonurie, PCU, Phenylketonuria, PKU

Qu’est-ce que la phénylcétonurie ?

La phénylcétonurie est une déficience enzymatique rare qui touche en moyenne 1 nouveau-né sur 16.500 en France et 40 personnes sur 1 million en Europe.
Elle bénéficie d’un dépistage systématique en France depuis 1972, grâce au test de Guthrie (prélèvement sanguin effectué au talon du nouveau-né à 3 jours de vie). Environ 1.850 nouveau-nés ont été reconnus atteints de la phénylcétonurie, dépistés et traités entre 1972 et 2011, soit environ 50 nouveaux cas par an.
La phénylcétonurie est liée à la toxicité d’une accumulation anormale dans l’organisme de la phénylalanine, acide aminé essentiel contenu dans les aliments, notamment les protéines. Un taux élevé de phénylalanine dans le sang entraîne une dégradation progressive et irréversible des neurones qui, sans traitement, aboutit à une arriération mentale profonde.

Comment traiter la phénylcétonurie ?

La phénylcétonurie est une maladie rare d’origine génétique, ce qui sous-entend qu’on l’a dès la naissance et que l’anomalie métabolique persiste toute la vie. Il n’y a pas d’amélioration spontanée possible, et il n’existe pas aujourd’hui de traitement curatif définitif.
Seul un régime spécifique strict, mis en place dès les premières semaines de la vie, permet un développement normal de l’enfant phénylcétonurique : en effet, il empêche l’apparition des symptômes de la maladie si les aliments sont bien pris en quantité indiquée. Cependant, si cette « autre alimentation » n’est pas suivie à la lettre, le taux de phénylalanine dans le sang restera élevé, entraînant un retard mental et des problèmes neurologiques importants.

Le régime faible en protéines

SON BUT :

C’est de contrôler et limiter l’apport en phénylalanine : en apporter juste un peu pour les besoins de croissance du phénylcétonurique, mais sans excès afin de ne pas intoxiquer le cerveau. Ce régime doit par ailleurs couvrir les autres besoins de l’enfant ou adulte en calories, vitamines etc. Il est propre à chaque phénylcétonurique, selon sa tolérance et ses besoins.

LE REGIME :

Le régime est mis en place dès le dépistage de la phénylcétonurie. Il est établi par l’équipe médicale qui suit le patient et doit être suivi, tous les jours, à chaque repas sans exception… à vie, selon l’état actuel des connaissances médicales. Pour le moment, il est fortement recommandé de ne jamais complètement abandonner le régime une fois l’âge adulte atteint.

Le régime est constitué de trois types d’aliments pauvres en phénylalanine :

1 / Les aliments naturels, répartis en trois groupes :

  • Les aliments interdits car contenant trop de phénylalanine (viande, poisson, œufs, charcuterie, lait, fromage, laitages…) ainsi que certains aliments à base de céréales (pain, gâteaux, semoule, pâtes…). L’aspartame (faux-sucre) est également interdit car c’est un précurseur de la phénylalanine.
  • Les aliments autorisés en quantités pesées en fonction de la tolérance (légumes et fruits).
  • Les aliments autorisés à volonté, selon les besoins de l’enfant ou de l’adulte (sucre, miel, confiture, jus de fruit, pâtes de fruits, huile, beurre…).
Il y a un certain nombre d’aliments naturels que je ne peux
pas manger, ce sont tous les aliments riches en protéines.
Le complément alimentaire d’acides aminés m’apporte
tout ce dont mon organisme a besoin pour se développer normalement.
Les produits diététiques hypoprotidiques me permettent
de diversifier mes repas et de me faire plaisir.

2 / Des mélanges d’acides aminés (compléments alimentaires spéciaux, sans phénylalanine), à prendre tous les jours pour compenser le manque de protéines indispensables à la croissance du phénylcétonurique.

3 / Les produits diététiques hypoprotidiques, appauvris industriellement en phénylalanine. Ce sont des substituts d’aliments naturels qui permettent aux phénylcétonuriques d’avoir une alimentation diversifiée et calorique (pain, pâtes, riz, semoule, soupe, farine, substitut de lait, substitut d’œuf…). Ils ne se trouvent pas dans le commerce et sont commandés par la diététicienne à l’AGEPS (Agence Générale des Equipements et Produits de Santé) qui livre ensuite les produits aux PCU.

Un suivi diététique et médical du phénylcétonurique, avec des examens de contrôles réguliers (cliniques et biologiques), permettent de s’assurer que le régime est bien équilibré et sans carence.

Historique de la phénylcétonurie en France

  • 1934 : le médecin norvégien Yvar Asbjorn Folling est le premier à décrire la phénylcétonurie (PCU).
  • 1935 : le généticien anglais nomme la maladie de Folling la “phénylcétonurie”
  • 1954 : le professeur allemand Horst Bickel établit le régime pauvre en phénylalanine (une fillette de 3 ans dont le diagnostic de phénylcétonurie avait été fait tard a présenté un comportement nettement amélioré après l’introduction du régime).
  • 1961-1963 : le docteur américain Robert Guthrie met au point le dépistage de la PCU par le fameux ‘test de Guthrie’.
  • 1967 : en France, début de la systématisation du dépistage néonatal de la phénylcétonurie dans quelques départements (initiative privée de la Société des Eaux d’Evian)
  • 1972 : création de l’AFDPHE (Association Française pour le Dépistage des Handicaps de l’Enfant) qui permet d’étendre le dépistage néonatal systématique de la phénylcétonurie à l’ensemble des nouveau-nés des départements français (1978) et Outre-Mer (1979). Le dépistage est pris en charge par la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie dès 1972
  • 2010 : en France, le dépistage néonatal de la phénylcétonurie, jusqu’alors organisé de manière systématique par l’AFDPHE, devient obligatoire.
  • 2017: Publication des recommandations européennes sur la prise en charge et le traitement de la phénylcétonurie (notamment avec le régime à vie).
  • 2018 : Mise à jour du Protocole National de Diagnostic et de Soins pour le Phénylcétonurie selon les dernières recommandations européennes.
  • Aujourd’hui : les programme de dépistage de la phénylcétonurie sont une réussite et se mondialisent. les pays européens ont établi des programmes de dépistage similaires et dans les pays en voie de développement, des expériences voient le jour. Il est important de prendre conscience de la nécessité d’un régime alimentaire strict.

Retrouvez-vous tout sur “LE DEPISTAGE NEONATAL DE LA PHENYLCETONURIE DANS LE MONDE”, à l’occasion du cinquantenaire du test de Guthrie en 2011 dans le LIEN n°60 !

Les défis des familles

Le défi pour les familles au quotidien…

La prise en charge diagnostique et thérapeutique de l’enfant PCU est bien codifiée de nos jours et est fortement individualisée. Le défi médical réside actuellement dans le suivi et la prise en charge des femmes phénylcétonuriques à l’âge adulte : afin de prévenir le risque de handicap chez leurs futurs enfants, elles doivent en effet reprendre un régime strict avant toute grossesse.

Pour les phénylcétonuriques les moins sévèrement atteints, un nouveau type de traitement est apparu ces dernières années. Ce médicament (BH4) permet chez certains patients de retrouver tout ou partie de l’activité du métabolisme afin qu’il régule de lui-même les taux de phénylalanine. Le régime est alors moins contraignant.

Protocole National de Diagnostic et de Soins (PNDS) de 2018

Ce document, rédigé par les centres experts maladies rares (CRMR Centres de Référence – présentation disponible ici pour les maladies métaboliques héréditaires) sont destinés aux professionnels concernés par la prise en charge diagnostique et thérapeutique de personnes atteintes de maladies rares.

Il répond à des critères très précis (élaborés par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans une note méthodologique) et décrivent :

  • la maladie rare concernée,
  • quelle est la prise en charge en situation courante, en cas d’urgence,
  • le suivi pour les populations spécifiques si nécessaire : enfant, grossesse.

Le PNDS pour la prise en charge de la phénylcétonurie a été rédigé pour la première fois en 2010. Une mise à jour a été réalisée, intégrant les connaissances médicales acquises depuis la première version, les résultats de réflexions avancées et d’un consensus Européen en faveur du maintien d’un régime à vie. Ce document peut vous être utile à vous, parents, famille d’enfants PCU ou adultes PCU – il est également recommandé de le transmettre à votre médecin traitant ou tout autre professionnel que vous pourriez être amené à consulter. Il explique donc concrètement l’impérieuse nécessité de suivre un régime hypo-protidique à vie, ainsi que la prise d’un mélange d’acides aminés.

N’hésitez pas à le présenter par exemple à votre médecin traitant lors du renouvellement de votre protocole de soins : celui-ci est initialement délivré par votre médecin spécialiste de la PCU. Pour les renouvellements, tous les 5 ans, votre médecin généraliste peut le rédiger.

Le protocole de soins permet d’avoir accès à la prise en charge à 100% (au titre de l’ADL Affection Longue Durée N°17) pour les frais de soins liés à la phénylcétonurie : consultation à l’hôpital dans le cadre du suivi de la PCU, commandes auprès de l’AGEPS des produits hypo-protidiques et des mélanges d’acides-aminés.

La recherche en cours

Il faut distinguer trois types de recherche dans le cadre de la phénylcétonurie:

  • La recherche visant à améliorer la compréhension de la maladie et de ses effets sur les personnes qui en sont atteintes,
  • La recherche visant à améliorer le régime faible en protéines à suivre tout au long de sa vie,
  • La recherche visant à remplacer au mieux le régime faible en protéines.

1/ De nombreuses études sont menées pour comprendre l’impact des différentes variations du taux de phénylalanine sur les PCU. Elles étudient les possibles troubles neurologiques, physiques, d’équilibre biologique, d’inflammations, du sommeil, etc. et elles servent de référence pour l’élaboration des recommandations de prise en charge de la phénylcétonurie.

2/ Le régime faible en protéines est actuellement le traitement le plus répandu pour la prise en charge de la phénylcétonurie. Les produits industriels évoqués plus haut (mélanges d’acides aminés et aliments hypoprotidiques) sont dont améliorés pour être de plus en plus complets et surtout bons pour les PCU qui doivent les boire ou manger. Un exemple récent a été la venue de mélanges d’acides aminés “GMP” qui sont bien mieux acceptés par les personnes qui les prennent que par des mélanges d’acides aminés classiques.

3/ Il y a différentes thérapies en cours de recherche ou de développement pour assouplir ou remplacer le régime faible en protéines:

  • Le BH4:

C’est un produit de synthèse qui catalyse (améliore) la réaction de digestion de la phénylalanine par l’enzyme PAH. Il existe certaines formes de phénylcétonurie (souvent versions “faibles” ou “modérées”) pour lesquelles une supplémentation en ce cofacteur permet de réduire de façon variable le taux de phénylalanine dans le sang. Il en résulte une meilleure tolérance en phénylalanine qui permet aux PCU qui prennent du BH4 d’avoir un régime alimentaire moins compliqué que d’ordinaire. Le test au BH4 est effectué par l’équipe médicale qui suit le PCU.

  • L’enzymothérapie:

C’est une thérapie en cours de recherche, développement et déploiement qui permet d’apporter dans le corps d’un PCU un équivalent de l’enzyme PAH déficiente à cause de la phénylcétonurie. Cette “nouvelle” enzyme digère alors la phénylalanine pour au patient PCU d’alléger ou de se dispenser de son régime faible en protéines. Il s’agit cependant d’un traitement qui est assez lourd et qui peut provoquer de sérieux effets secondaires. Les interventions du Dr Charrière de Lyon lors des congrès en ligne 2020 et 2021 évoquent les dernières informations à connaître sur l’enzymothérapie.

  • La thérapie génique:

C’est une thérapie en cours de recherche pour la phénylcétonurie qui permettra aux corps des PCU de synthétiser une enzyme PAH active ou une autre substance permettant de digérer la phénylalanine dans son corps. Il existe d’ores et déjà certaines maladies rares très graves qui bénéficient des premiers pas de la thérapie génique

Témoignages

Retrouvez-ci dessous une playlist de vidéos témoignages sur la vie avec la phénylcétonurie créée par Les Feux Follets, Ewenlife Maladies Rares et le centre de coordination du programme de dépistage néonatal.

Playlist de témoignages EwenLife

Témoignage de Marie et sa maman

Témoignage de Delphine, maman de son petit PCU Léon