Par Virgine Hamel, maman de Camille (PCU)
J’ai décidé de vous faire part de l’expérience de Camille car je vois souvent des inquiétudes qui ressortent sur les sites lorsque certains parents envisagent un voyage avec le pcu (petit ou grand).
Originaire de l’île de la Réunion, fille de marins, je suis une voyageuse dans l’âme, il n’était pas question pour moi que l’arrivée de bébé remette ça en question. Alors, après l’annonce de la maladie et une fois le choc passé, j’ai décidé qu’il n’y avait pas de raison qu’il en soit autrement.
Je tiens à préciser que Camille a une PCU atypique, nous ne pesons donc pas ses aliments et depuis ses 4 ans elle est sous BH4 ce qui lui a permis d’élargir son régime (toutefois jamais de viandes ou œufs, un calibrage à l’œil de ses assiettes et un contrôle total de tout ce qu’elle mange).
Petit récapitulatif de ses antécédents de voyages :
C’est à 4 mois que Camille a fait son premier long voyage (11h de vol en direction de la Réunion), bien sûr c’est une organisation (tire lait dans l’avion, tire lait électrique à louer sur place, poches de froid pour le lait, des boites d’Anamix…..). Sur place c’est simple pour nous car je suis chez moi et je peux donc cuisiner, conserver… les aliments sans difficultés. De plus c’est une île où poussent de merveilleux fruits exotiques souvent peu protéinés.
A 2 ans c’est direction les Baléares, au club nos valises sont pleines de nourriture hypo, heureusement il ne faut que des maillots et des tenues légères alors on a de la place ! Finalement on rentrera avec à peu près autant de provisions, mis à part les AA, parce que dans l’hôtel où on est en pension complète, les repas sont présentés sous forme de buffets. Du coup, il y a toujours quelque chose pour elle. Son papa avait choisi un club francophone pour faciliter les échanges au cas où.
3 ans tout juste et on part cette fois pour la Thaïlande rejoindre première cousine et fêter Noël et jour de l’an en famille. Je me suis renseignée avant et il semble qu’il y a pas mal de restaurants végétariens, et avec ce beau soleil sûrement des fruits et légumes à volonté !
Une fois sur place, ça se complique :
Pour les petits déjeuners ça va, c’est un buffet où on trouve toujours des fruits mais le reste des repas, c’est compliqué, on est en famille, on est 11 à ne pas avoir le même rythme du coup pour prendre mes repas à heures fixes c’est un vrai défi, il fait très chaud alors on ne peut pas trimballer les aliments facilement.
Mais surtout la vraie difficulté c’est la langue, les menus sont écris en thaïlandais, on comprend très difficilement ce qu’il va y avoir dans les assiettes. Ils rajoutent du soja et de la sauce d’huitre partout…. Les légumes sont fris dans des pâtes à beignets.
Pour couronner le tout, les rayons petits pots bébé sont quasi inexistants, et je vous laisse imaginer les tables de calories sur les aliments…..illisibles en thaïlandais donc impossible de savoir si le produit contient des protéines et en quelle quantité !
Je dois avouer qu’il y a eu des écarts en frites et chips, heureusement compensés par des fruits.
Pour ce qui est des taux, je n’ai pas pu les faire pendant toute la durée du séjour car le courrier met trois semaines à arriver en France.
Cependant, ça reste plein de merveilleux souvenirs en famille et on recommencerait sans hésiter avec peut être juste un peu plus de provisions !
A 4 ans direction la Tunisie, encore sous forme de buffet pour la restauration, quelques produits hypo dans le sac au cas où mais aucun stress.
Je n’ai jamais hésité lors de ces voyages à descendre dans les cuisines des hôtels pour leur demander de bien vouloir faire cuire des féculents hypo, de leur donner du pain PCU pour en faire des sandwichs végétariens, demander la composition d’une soupe…. Les gens comprennent toujours quand on leur explique et s’impliquent souvent beaucoup pour nous aider.
L’Inde :
Je fête mes 5 ans la semaine avant mon départ en Inde, ce voyage sera différent des autres, pas d’hôtels, beaucoup de trajets sur place pour traverser le pays, presque pas de provisions dans les sacs qu’il va falloir porter tous les jours ou presque…
Impossible de prendre trop de produits hypos, il va falloir gérer sur place avec ce qu’on trouve, avoir toujours de l’eau potable pour faire mon gel, une petite cuillère (pas toujours simple à trouver en Inde).
Heureusement sur place il y a beaucoup de fruits et légumes (toujours avoir les tables d’équivalences sur soi si on ne les connait pas par cœur !), du riz et des pommes de terre (auxquels j’ai droit en petites quantités), c’est donc salade de fruits exotiques en entrée/dessert accompagnée en général d’un féculent un peu plus riche en protéines.
Je n’hésite jamais à expliquer le problème de Camille quand les gens lui offre de la nourriture, ce qui arrive très souvent en voyage, soit elle peut en goûter un petit bout, soit elle me le donne et on lui trouve toujours une compensation (le plus souvent un bonbon).
Idem dans les restaurants, j’explique ce qu’il ne faut pas dans son assiette et pourquoi, je leur donne des produits hypos pour qu’ils puissent lui servir une assiette la plus belle possible, les gens sont toujours très sensibles, surtout quand il s’agit d’un enfant et jamais nous n’avons fait face à des réactions négatives.
Nous avons essayé de respecter les horaires des repas, surtout pour les acides aminés, mais c’était assez compliqué, comme nous étions avec plusieurs personnes, on a donc décidé de sauter le goûter qui est le seul de ses 4 repas de la journée où elle n’a pas de prise d’acides aminés.
Doser à l’œil les laitages, s’adapter à ce qu’on trouve sur place, communiquer avec les locaux, responsabiliser l’enfant dès sa première année, accepter de découvrir de nouveaux aliments…. Sont à mon avis les critères impératifs pour réussir ce genre de voyage avec un PCU.
Aller en Inde c’est comprendre que la place qu’on donne en France aux protéines animales est complètement exagérée, 80% de la population est végétarienne.
Merveilleux plats hypos consommés sur place :
Les salades de fruits
Pizza végétarienne
Salades composées, soit dans l’assiette, soit dans une tortillas de maïs
Des momo (ravioles de légumes dans une pâte de riz)
Des croquettes de légumes avec du riz hypo cuit dans le restaurant
Conseils en vrac pour un voyage réussi :
- Anticiper les besoins en vous renseignant sur les habitudes alimentaires locales
- Ne pas hésiter à demander le supplément de bagages médicaux gratuits que proposent la plupart des compagnies aériennes
- Dans l’avion, commander plusieurs plateaux repas différents (quand on part à trois, on en prend un végétarien, un enfant et un normal, un végétalien quand c’est possible) afin de mixer dedans et être sûr de toujours trouver un maximum d’aliments pour composer le repas de Camille
- Partir avec des provisions en plus, au cas où !
- Regarder comment se dit protéine dans la langue locale pour déchiffrer les étiquettes et pouvoir expliquer aux restaurateurs si besoin !
- Répartir les acides aminés et autres médicaments dans différents sacs en cas de perte de l’un d’eux
- Garder des acides aminés en plus (et bh4 si nécessaire) avec vous dans l’avion, on sait jamais si vous restez bloquer au sol ou obligé de faire une escale pour X raisons
- Voyager avec une copie des ordonnances des produits hypo protidiques et acides aminés.
- Utiliser des dosettes de lait bébé pour répartir les acides aminés de la journée
- Accepter que ça va être différent de chez soi, certain repas seront fait de fruits exclusivement et ce n’est pas grave
- Etre ouvert à tout ce que propose ce pays, vous découvriez certainement des nouveaux produits hypo (notamment au rayon sucreries des magasins)
En attendant je vais faire mes valises, je repars pour la cinquième fois à la Réunion, à la fin de la semaine !