Le point sur les thérapies pour la phénylcétonurie

La phénylcétonurie (PCU) est une maladie métabolique rare nécessitant une prise en charge spécifique tout au long de la vie. Si pendant longtemps, le régime alimentaire strict était la seule option disponible, plusieurs traitements ont depuis vu le jour et d’autres sont en cours de développement. Faisons le point sur les différentes thérapies existantes, leurs avantages et limites, ainsi que leur accessibilité.

Le régime alimentaire pauvre en phénylalanine : la base du traitement

Comment ça fonctionne ? Le traitement de référence de la PCU repose sur un régime très pauvre en phénylalanine, l’acide aminé que l’organisme ne peut pas métaboliser correctement. Ce régime exclut les aliments riches en protéines (viande, poisson, œufs, produits laitiers, légumineuses…) et repose sur des produits hypoprotidiques et des substituts alimentaires enrichis en acides aminés essentiels.

Avantages :

  • Méthode éprouvée et efficace pour tous les patients atteints de PCU.
  • Permet de stabiliser le taux de phénylalanine dans le sang.
  • Pris en charge en France par l’Assurance Maladie.

⚠️ Inconvénients :

  • Régime très strict et contraignant à suivre au quotidien.
  • Peut générer un isolement social et des difficultés lors des repas en extérieur.
  • Ne corrige pas la cause biologique du trouble, et ne corrige que partiellement ses conséquences (ex : les taux sanguins de phénylalaninémie restent au-dessus de ceux de la population normale).
  • On ne peut pas exclure sur le très long terme (adulte et troisième âge) des complications induites par la PCU et/ou par son régime

Nombre de patients concernés : 100 % des patients atteints de PCU.

Le Kuvan® (saproptérine) : une solution pour certains patients

Comment ça fonctionne ? Le Kuvan®, commercialisé depuis 2009 en Europe, est un médicament à base de saproptérine, une version synthétique de la tétrahydrobioptérine (BH4), un cofacteur de l’enzyme déficiente dans la PCU. Il améliore l’efficacité de l’enzyme encore fonctionnelle chez certains patients.

Avantages :

  • Permet à certains patients de tolérer davantage de phénylalanine, voire de normaliser complètement le régime.
  • Peut alléger les contraintes du régime en augmentant la consommation d’aliments naturels et limite le risque de carences nutritionnelles induites par le régime strict.
  • Engendre un meilleur équilibre métabolique (taux de phénylalaninémie plus bas et moins de variabilité)

⚠️ Inconvénients :

  • Ne fonctionne que pour environ 30 % des patients, en fonction des mutations génétiques.
  • Nécessite un test préalable pour déterminer la réponse au traitement.
  • Doit être pris quotidiennement à vie.
  • Pas de recul à très long terme.

Nombre de patients concernés : Environ 30 % des patients PCU.

Les traitements pas encore disponibles en France

Le Palynziq® (pegvaliase) : l’enzymothérapie pour les adultes

Comment ça fonctionne ? Le Palynziq®, approuvé aux États-Unis et en Europe, est une enzymothérapie substitutive. Il remplace l’enzyme déficiente pour métaboliser la phénylalanine. Ce traitement est administré par injection sous-cutanée et est réservé aux adultes avec une PCU non contrôlée par le régime seul.

Avantages :

  • Peut permettre une alimentation plus souple, voire normale.
  • Alternative pour les patients adultes qui n’arrivent pas à suivre un régime strict au long cours.

⚠️ Inconvénients :

  • Risque de réactions allergiques nécessitant une surveillance médicale stricte.
  • Administration par injection(s) quotidienne(s) (1 à 3/jour).
  • Pas encore disponible en France.

Nombre de patients concernés : limité, principalement des adultes avec une PCU sévère.

Les traitements en développement : la sépiaptérine et la thérapie génique

La sépiaptérine (Sepiapterin) : un médicament en phase d’essai La sépiaptérine est un précurseur de la BH4, étudié dans le cadre de l’essai clinique APHENITY mené par PTC Therapeutics. Les résultats préliminaires montrent une réduction moyenne de 63 % du taux de phénylalanine chez les patients répondeurs. Plus de patients PCU seraient répondeurs à la sépiaptérine qu’à la saproptérine, et il existe en plus un passage dans le système nerveux central qui n’existe pas avec la saproptérine.

➡️ Pour en savoir plus sur la sépiaptérine : Lire notre article dédié

Perspectives : Potentiellement une alternative améliorée au Kuvan®, en essai thérapeutique en France chez les adultes et bientôt chez les enfants, en attente d’une autorisation de mise sur le marché.

La thérapie génique : l’avenir du traitement de la PCU ? Des recherches sont en cours pour corriger directement le gène défectueux responsable de la PCU. Bien que prometteuse, cette approche est encore en phase expérimentale.

Perspectives : Traitement potentiellement révolutionnaire, mais encore loin d’une application clinique.

Autres traitements en cours de développement : D’autres approches thérapeutiques sont en cours de développement (généralement en cours d’essai sur des modèles animaux). Dans ce domaine, les traitements par ARN messagers (injections répétées permettant de faire réapparaitre l’enzyme déficiente, ne présente pas les problèmes d’immunisation de la thérapie génique) semblent très prometteurs.

Conclusion : quelle solution pour quel patient ?

Aujourd’hui, la grande majorité des patients doivent suivre un régime strict, mais des solutions médicamenteuses existent pour certains d’entre eux. De nouveaux traitements comme la sépiaptérine et les traitements en développement pourraient venir enrichir l’arsenal thérapeutique dans les années à venir.

Que pensez-vous de ces avancées ? Avez-vous déjà testé l’un de ces traitements ? Partagez votre expérience en commentaire !